Être Kanak

La société Kanak est patriarcale. Elle est fondée sur la perpétuation du lignage des hommes et de leurs clans.
Le nom de l’homme se définit dans le discours généalogique de son clan, dans le mythe et dans la toponymie de son tertre d’origine. Ce nom se transmet de génération en génération depuis le premier Être.
Chaque enfant, fille ou garçon, qui nait dans la société kanak reçoit de sa filiation patriarcale le nom et la terre.
Le nom se transmet par la parenté ou parfois par l’adoption. Le prénom Kanak, donné par l’ainé revient de manière cyclique dans les membres du clan. Ainsi l’esprit de l’ancêtre accompagnera le nouveau-né dans sa vie et lui apportera une part de son aura.
Le nom du clan est donné à la femme lors d’une cérémonie de mariage lorsqu’elle rejoint le clan de l’homme.
La terre fait corps avec l’être, elle le définit et constitue sa personnalité, le positionne dans la société depuis l’origine. Elle le nourrit de l’igname.

Le sang et la vie de chaque individu, homme ou femme, lui viennent de sa filiation matriarcale et de la lignée de ces oncles utérins.
Si l’homme assoie sa position dans son tertre d’origine, le devenir de la femme est de quitter sa tribu pour tisser les liens de la société, basés sur des échanges et des alliances avec le clan de son futur époux. Elle joue le rôle de cohésion sociale dans les relations inter-claniques et celui de « matrice » de la société en apportant le sang et la vie au clan de l’homme par la procréation sur sa nouvelle terre d’adoption.
À chaque naissance, le don de la vie revient à l’oncle maternel (au « tonton ») qui souffle sur les organes du nouveau-né (le nez, les oreilles) pour la lui insuffler. Il a la responsabilité de veiller sur son parcours de la naissance à la mort, et aura toujours une position sacrée pour l’individu. On lui doit un respect spécial, et il prend généralement une place prédominante dans toutes les cérémonies coutumières.
Le clan des hommes quant à lui, a le devoir de maintenir cette vie dans le clan. Et il sera redevable en gestes coutumiers et en Paroles au clan maternel et aux « tontons », si le sang coule (accidents, blessures…) ou si la vie s’interrompt.

Le monde des esprits, la conception
La conception et la gestation de l’enfant se fait dans le monde de l’obscurité ou dans celui des ancêtres.

La naissance ou retour à la vie de l’esprit.
L’enfant reçoit le souffle de la vie par son oncle maternel. Il intègre l’esprit de l’ancêtre (le « u », en langue paicî) et reçoit le nom et la terre de son clan paternel

De l’adolescence à l’âge adulte :
Pour les adolescents qui doivent conserver leur première barbe pubère, la cérémonie du premier rasage marque l’entrée dans le monde des adultes. Les jeunes hommes deviennent alors la force de travail de la tribu et cela signifie qu’ils sont en âge de se marier.
Pour les jeunes femmes, ce sont les premières menstruations qui marquent leur passage à l’âge adulte. Accompagnée de jeunes filles pubères et de femmes, elles doivent se purger à la mer en buvant un mélange de « médicaments » et d’eau de mer. Elles auront alors le droit de fréquenter des garçons et seront considérées comme jeunes-filles jusqu’à leur mariage.

Le mariage
Les échanges coutumiers du mariage scellent les liens entre le clan de l’homme et celui de la femme. L’union marque un tournant dans la vie du couple, car il les positionne dans le clan et la société. Ils ne devront plus fréquenter les jeunes. Les hommes auront la responsabilité de leur groupe domestique et deviendront chefs de famille. Quant aux épouses, elles auront quitté leur clan d’origine pour appartenir au clan de l’homme. Elles resteront alors avec le groupe des femmes et auront la responsabilité de nourrir et de s’occuper de leur foyer.

Devenir sage
Vers l’âge de soixante ans et sans qu’il n’y ait de rite à proprement parler, les hommes comme les femmes deviennent les « vieux » ou « sages ».

La mort et l’esprit
La mort est la séparation du corps et de l’esprit. Le corps devient putrescible et nourrit la terre dans le cycle de la vie. L’esprit du défunt rejoint les esprits de ses ancêtres selon un chemin mystique qui diffère selon les aires coutumières.